Auteurs d’un second album dense et envoûtant dans lequel se mêlent post-rock, slowcore et doom ritualiste, les quatre membres de Bank Myna nous ouvrent les portes de leur discothèque.
Votre premier disque acheté ?
Constantin (batterie, percussions) : Le premier album que j’ai acheté était « Take A Look In The Mirror »de Korn à sa sortie en 2003. J’écoutais beaucoup le groupe depuis un an, grâce à mes potes de collège. “Issues“ et “Untouchables“ m’avaient fortement marqué et on parlait beaucoup de la sortie de “Take A Look“. Ça n’est pas mon album favori de Korn, mais le son y est massif et je garde encore quelques titres en tête de ce disque.
Maud (chant, violon, claviers) : Le premier album que j’ai acheté et qui m’a marqué à vie, c’était “Combat Rock“ de The Clash. Un été, mes parents nous ont amenées, ma cousine et moi, dans un café-concert où un groupe a repris Should I Stay Or Should I Go. Je suis devenue obsédée par ce morceau des jours durant. Je le chantais à tue-tête et j’avais hâte d’avoir accès à un ordinateur pour pouvoir en retrouver la trace en tapant les paroles sur internet. En rentrant, j’ai tanné mes parents pour acheter l’album. C’est probablement le disque que j’ai le plus écouté durant mon adolescence et pourtant, ce n’est probablement pas le meilleur du groupe !
Fabien (guitare) : Ma mère travaillait dans une médiathèque, donc j’ai eu la chance de ne jamais acheter de disque quand j’étais jeune ! Je crois qu’un des premiers qu’elle a emprunté pour moi, et qui m’ait vraiment marqué, était “Bury The Hatchet“ de The Cranberries. Je l’avais copié « illégalement » sur l’ordinateur de la famille avant qu’il soit dûment acquis.
Daniel (basse) : J’ai un peu grandi musicalement comme Fabien autour d’une médiathèque. Je dupliquais des compilations cassette que faisait mon cousin et après, quand j’aimais bien un groupe, j’allais à la médiathèque et copiais le CD en cassette. La première fois que j’ai acheté un CD avec mes sous, c’était “In Utero“ de Nirvana.
Quels sont vos albums de chevet ?
Constantin : “Mer de Noms“ et “Thirteenth Step“ de A Perfect Circle sont dans mon top. C’est suite à l’écoute de la reprise d’Imagine de John Lennon sur “eMotive“ que je me suis intéressé à ce groupe. Et puis il y avait ce pattern à la batterie que Josh Freese interprétait, très simple mais très très évocateur. C’est ce morceau qui m’a donné envie de commencer à jouer de la batterie. “Fantastic Planet“ de Failure, dans un registre différent, est aussi un album très important pour moi. J’ajouterai aussi “Oceanic“ et “Panopticon“ de Isis : une approche artistique et des arrangements qui frisent le génie et qui me semblent imprégnés d’une puissante poésie mélancolique, surtout pour “Oceanic“.
Maud : Plusieurs disques me collent à la peau car ils correspondent à des périodes charnières de ma vie. Assurément, “Songs Of Faith And Devotion” de Depeche Mode. Il est inclassable, d’une beauté sombre et glaciale. J’y reviens régulièrement en ayant toujours l’impression d’être « à la maison ». Il me rappelle une période particulièrement mélancolique qui m’a permis d’enclencher des changements salvateurs. J’ajouterai également “Marked For Death“ d’Emma Ruth Rundle, qui m’a apporté beaucoup de lumière et d’espoir lorsque j’en avais besoin. J’ai aussi envie de citer “Ceremony“ d’Anna Von Hausswolff qui a eu un énorme impact sur ma trajectoire musicale. Et je ne peux pas ne pas mentionner “Al’An” de Oiseaux-Tempête qui ne cesse de me faire voyager très très très loin à chaque écoute.
Fabien : “I Can Hear The Heart Beating As One“ de Yo La Tengo est un des albums que j’ai le plus écouté dans ma vie. Il finit toujours par revenir. Si je devais partir sur une île déserte avec seulement trois albums, le choix serait extrêmement difficile, mais je crois que j’emporterais également “Hey What“ de Low et “To Be Kind“ de Swans pour les moments les plus durs !
Dani : Si je pense à des albums qui reviennent souvent quand je ne sais pas quoi écouter je peux citer : “Siamese Dream“ de Smashing Pumpkins, “Ballenas Muertas En San Sebastián“ de El Columpio Asesino et “Anabasis” de L’Effondras.
Quel est l’album, live ou studio, que vous auriez rêvé d’enregistrer ?
Constantin : Je pense que j’aurais bien aimé travailler sur “Vertikal“ de Cult Of Luna. Cet album marque un gros changement dans la discographie du groupe, tant d’un point de vue sonore et technique qu’en matière de rythmes et de riffs.
Maud : “Heima“ de Sigur Rós, pour pouvoir enregistrer de la musique sublime dans des lieux insolites imprégnés de culture islandaise.
Quels sont les disques qui résumeraient au mieux l’univers musical de “Eimuria” ?
Constantin : Question assez compliquée. Nous venons tous les quatre d’univers bien distincts et avons fini par avoir des influences communes. En revanche, nous n’avons pas cherché à aller dans la direction de tel ou tel artiste pour “Eimuria“. Nous avons essayé de faire quelque chose qui nous parlait et nous semblait cohérent.
Maud : En effet, nous avons vraiment essayé de converger depuis des univers musicaux assez différents. Ce disque a une identité qui nous est propre, donc il est difficile de répondre à cette question. On pourrait partager des disques qui n’ont rien à voir et, qui pour une raison x ou y, ont influencé un tout petit détail de l’album. J’ai presque envie de te retourner la question !
Quelle est votre pochette d’album préférée ?
Fabien : “Green Mind“ de Dinosaur Jr. Difficile de savoir pourquoi, mais elle m’a marquée dès que je l’ai vue…
Maud : “Aladdin Sane“ de David Bowie ! Elle incarne parfaitement l’icône qu’était Bowie… Un personnage irréel, d’un autre monde. Ou encore “Animals“ de Pink Floyd,avec ce ballon cochon complètement incongru au milieu des cheminées d’usines.
Constantin : Je remets ici “Fantastic Planet“ de Failure : son côté rétro-futuriste m’a toujours intrigué et inspiré.

Quel est votre dernier disque coup de cœur ?
Maud : “The Distaff“ de Maud The Moth, petit bijou de pop lyrique bizarroïde. Du miel pour les oreilles.
Constantin : L’album éponyme de semiwestern a été l’un des derniers gros kiffs que j’ai eu musicalement. Avec le temps, je deviens plus sensible à des sonorités un peu lo-fi et le hasard des réseaux sociaux m’a mené à ce groupe. J’apprécie beaucoup les morceaux de ce disque, tout autant que la démarche artistique de la formation texane.
Fabien: j’ai découvert le groupe Sanam il y a quelques mois : grosse claque. Le dernier album, “Sametou Sawtan“ (sorti chez Constellation Records au passage !), est vraiment superbe.
Dani : Quand nous sommes en tournée, nous passons pas mal de temps en voiture et chacun propose des choses à écouter. C’est un moment de partage très sympa, malgré les limitations de l’écoute en voiture. Dans un des derniers voyages, j’ai découvert grâce à Fabien “Flies The Fields » de Shipping News.
Photo : © Pierre Sopor Montali

