Il y a des albums qui ne se contentent pas de simplement tourner une page, mais sonnent comme un dernier souffle, une dernière étincelle avant le noir complet. “Perpetual Wasteland“, quatrième et ultime disque de Stonebirds, fait partie de ceux-là. Le trio breton, connu des initiés du genre pour son mélange abrasif de sludge et de post-metal gorgé de spleen, voire de post-rock pour les moments d’accalmie, referme son histoire avec un long format ressemblant moins à une conclusion qu’à un crépuscule incandescent.
Dès l’ouverture, on retrouve cette signature sonore brute qui fait la force de Stonebirds : des riffs de guitare arrachés à la roche, un son qui respire la poussière et les terrains ravagés (ceux appréciés par Year Of No Light, Amenra et consorts), mais avec ici un rendu moins étouffant, en comparaison des deux dernières réalisations du groupe. Les morceaux avancent par élans, s’effondrent, repartent, comme animés par une rage instinctive. C’est dans ces incessants allers-retours émotionnels que “Perpetual Wasteland“ trouve sa puissance nourrie par une tension permanente, entre le besoin de survivre et le désir de laisser tomber les armes.
Plutôt que de partir avec fracas, Stonebirds choisit l’effacement digne. “Perpetual Wasteland“ n’a rien d’un grand final hollywoodien, ce qui ne l’empêche pas d’être monumental, bien au contraire. C’est juste une combustion lente qui vous prend aux tripes du premier au dernier titre, une braise qui se consume jusqu’au silence une fois que disparaissent les dernières notes du bien nommé The Last Time. Un rappel poignant que certains adieux brûlent plus longtemps que les victoires. Merci pour tout les gars, pour votre discographie irréprochable et pour tous ces intenses moments de sueur et de sincérité passés sur les planches. Et bon vent pour la suite.

