FRAYLE – Heretics & Lullabies – (Napalm Records)

Avec “Heretics & Lullabies“, Frayle poursuit sa plongée dans un doom vaporeux où la lourdeur des riffs se mêle à une sensualité sombre et hypnotique. Dès les premières secondes, le duo de Cleveland installe un climat qu’il maîtrise à merveille : des guitares épaisses, un tempo pesant, et surtout cette voix, fragile et spectrale, qui semble flotter au-dessus du chaos comme une formule maléfique chuchotée à l’oreille.

Ici, tout est question d’atmosphères, de contrastes et de contrôle émotionnel. Les riffs, massifs mais toujours avec une certaine retenue pour mieux favoriser un envoûtement progressif, sculptent un espace oppressant sans pour autant étouffer totalement l’auditeur. Une sorte de brouillard électrique au milieu duquel on peut croiser subrepticement les ombres de Chelsea Wolfe et de Katatonia, où la voix enchanteresse de Gwyn Strang, assurément l’arme principale du groupe, semble être toujours en suspension.

Ceux et celles qui chercheront l’impact frontal passeront peut-être à côté du présent disque. Les autres prendront le temps de se laisser envelopper par cette lenteur fascinante, presque divinatoire, et sentiront le poison agir, doucement mais sûrement. “Heretics & Lullabies“ est un album à écouter la nuit, les yeux fermés, en laissant les spectres s’exprimer. Dix titres puissants et impérieux, et autant de berceuses pour les hérétiques.