Dix ans après “Silence Means Security“, une paire de EP afin de combler cette longue attente et un changement de line-up pour moitié, Computers Kill People revient avec un second album qui sonne définitivement l’heure du changement. Le quatuor, longtemps en quête d’un équilibre entre puissance et personnalité, semble enfin avoir, si ce n’est verrouillé la formule, du moins trouvé celle qui lui convient le mieux aujourd’hui. Le son est plus travaillé, les riffs gagnent en précision, et l’ensemble respire une assurance nouvelle. C’est sans doute cette dernière qui a permis à Computers Kill People de jouer ici la carte de la variété, alternant sans complexe entre un rock gorgé de moult références à Queens Of The Stone Age et des passages plus bluesy (Lockdown Blues), tout en glissant au passage des touches indie-rock (She Said), sans oublier une surprenante – et réussie – reprise des Red Hot Chili Peppers (Give It Away). Sur le papier, ce mélange aurait pu vite tourner à l’exercice bancal. Dans les faits, tout s’enchaîne avec une belle fluidité. Les mélodies, plus solides et plus marquantes que par le passé, viennent se greffer sur des structures volontairement épurées, pensées pour aller à l’essentiel.
L’autre virage important se situe dans la manière d’aborder la composition. Fini les idées jetées à la volée : “The Storyteller“ affiche une écriture plus consciente, plus construite, et surtout plus collective. Chacun des membres a pris part au processus, livrant ses propres visions d’un monde qui vacille. Le ton est lucide, parfois amer, mais toujours sincère. Et même si la charge politique est bien présente, elle ne tombe jamais dans la leçon de morale. Les protagonistes préfèrent plutôt poser des constats que pointer du doigt, et c’est précisément ce qui donne du poids à l’ensemble. Gageons qu’après cet album du renouveau, Computers Kill People a encore dans sa besace de nombreuses histoires à nous raconter. Et bien avant 2035, si possible.

